Depuis aout 2022, le prix de l’électricité est à la hausse. Pour les particuliers, les factures d’électricité, représentent + 4 % en 2022 et + 15 % en 2023.
Actuellement, certains s’étonnent de la manière dont fonctionne le marché de l’électricité. En effet nous pouvons nous interroger sur la manière dont son prix est calculé. Nous savons qu’il est lié à celui du gaz et que ces derniers ont explosé en 2022., or, la France n’utilise quasiment pas de gaz pour produire de l’électricité, elle utilise principalement du nucléaire et des énergies renouvelables dont les tarifs n’ont pas bougé. Alors pourquoi les prix de l’électricité augmentent autant ? Nous vous invitons à lire cet article pour mieux comprendre le fonctionnement du marché.

 

Fonctionnement du marché

Pour connaître le prix de l’électricité, dès lors que le marché a besoin d’électricité, nous nous demandons quelle centrale peut en fournir pour le moins cher possible. Pour y répondre, pour chaque centrale, on prend en compte les coûts marginaux, c’est-à-dire :

  1. Le prix du combustible utilisé pour produire
  2. Une taxe relative à la quantité de CO2 émise

En fonction de ce modèle, on place, sur le graphique suivant, les centrales une par une de la moins chère, à la plus chère jusqu’à atteindre la quantité d’électricité demandée, c’est la logique du « merit order ». Généralement, les centrales sont disposées dans cet ordre-là.

Graphique qui explique le fonctionnement du merit order

 

Premièrement on retrouve les énergies renouvelables (éolien, panneaux photovoltaïques) puisqu’elles n’utilisent aucun combustible et n’émettent pas de CO2.
Ensuite il y a le nucléaire, il n’est pas trop cher puisque son combustible (l’uranium) a un prix assez bas.
Puis les barrages hydroélectriques, le coût de l’eau est de zéro, certes, mais c’est une ressource rare, on lui attribue donc une valeur en fonction de sa disponibilité.
Enfin les énergies fossiles (charbon, gaz, fioul) dont le prix dépend du cours des combustibles et des quotas CO2.

A savoir que c’est le coût de production de la dernière centrale appelée (la plus chère) qui détermine le prix général sur tout le marché. Ainsi, que l’électricité soit produite par du renouvelable, du nucléaire ou du fossile, elle coûtera le même prix, celui de la dernière centrale appelée.

 

 

Une situation exceptionnelle en 2022

Vous l’aurez compris, lorsque les énergies fossiles n’étaient pas trop chères, l’électricité n’était pas trop chère. Cependant l’année 2022, n’est pas une année comme les autres. Plusieurs raisons mènent à cette situation exceptionnelle :

 

Les centrales nucléaires

En France, plusieurs réacteurs nucléaires ont été débranchés de la maintenance et au même moment, mauvaise surprise, d’autres réacteurs ont dû être stoppé car des fissures ont été détectées. Au total, la moitié des réacteurs nucléaires se sont retrouvés à l’arrêt en 2022. Donc la production nucléaire est largement inférieure à celle des années précédentes. Cela signifie que l’offre d’électricité des centrales nucléaires diminue.

 

La situation des barrages

A cela s’ajoute la situation des barrages. L’été 2022 a connu une grande sécheresse historique, ainsi les réserves d’eau ont été très basses par rapport aux années précédentes. Là encore l’offre des centrales hydraulique diminue.

Graphique qui explique le fonctionnement du merit order

 

Achat d’énergie fossile

Il faut donc combler la partie manquante. Pour cela, la France doit faire appel aux énergies fossiles. Dans un premier temps en utilisant ses propres centrales, en 2022, elles produisent davantage qu’en 2020 et 2021 cependant cela ne suffit toujours pas pour combler le manque, il faut donc demander de l’aide aux voisins.
En 2022, pour la première fois depuis plus de 40 ans, la France achète plus d’électricité qu’elle n’en vend (principalement à l’Allemagne, Les Royaume-Uni et l’Espagne) donc l’électricité vient en grande partie de centrales thermiques (gaz, charbon, fioul).

 

Augmentation du prix du gaz

Or, il y a un autre gros problème qui concerne les centrales au gaz. En moins de deux ans, le prix du gaz a été multiplié par presque 20. Donc pour reprendre le graphique, on dépend beaucoup plus du gaz que d’habitude, et ce, alors que le coût du gaz est beaucoup plus cher que d’habitude. Désormais c’est une centrale à gaz qui est placée en dernier et qui fixe le prix général de l’électricité. Ce dernier atteint un prix beaucoup plus élevé qu’auparavant.

Graphique qui explique le fonctionnement du merit order

 

 

Quels sont les intérêts de ce système ?

Ce mode de fonctionnement du merit order a plusieurs intérêts :

  1. En fixant le prix sur la centrale la plus chère, on s’assure que l’offre atteigne bien le niveau de la demande. Chaque centrale a intérêt à produire car elle est plus rémunérée que si elle ne produisait pas.
  2. En achetant d’abord l’électricité des centrales les moins chères du marché, l’idée est d’obtenir le prix le moins élevé possible. Les centrales les plus chères arrivent en dernier recours.
  3. En théorie, toutes les centrales qui produisent pour moins cher que le tarif marginal peuvent gagner des sous, et donc rentabiliser leur investissement de départ.

 

 

Cependant le prix du gaz et les problèmes du parc nucléaire français mettent en avant aujourd’hui les limites du marché. En particulier la volatilité des prix. Si les prix tombent trop bas, la rentabilité des centrales s’effondre, les investisseurs son dissuadés d’investir dans de nouvelles centrales. S’ils grimpent trop haut, les factures explosent pour les consommateurs.
Face aux nombreuses critiques, la commission européenne a annoncé qu’elle allait reformer le marché en 2023. Quoi qu’il en soit, il est probable que le prix de l’électricité reste élevé encore un moment car le prix du gaz restera surement élevé durant les prochaines années en l’absence de gaz russe et l’installation de nouvelles centrales nucléaires prendra du temps.